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Bilinguisme et Aphasie
La population bilingue est loin d’être homogène ; elle est caractérisée par une grande variabilité tant au niveau des facteurs externes qu’au niveau de leurs compétences linguistiques et psycholinguistiques. Cet état de fait est évidemment à prendre en compte lorsqu’il s’agit de discuter de la récupération chez le patient aphasique bilingue ou plurilingue. C’est tout l’objet de cet article.
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La variation des profils bilingues
Dans l’un de nos précédents articles nous avons pris le temps d’exposer les divers types de bilinguismes afin de mettre en avant la grande hétérogénéité de la population bilingue ou multilingue (voir ICI). En effet, les conditions d’acquisition, les caractéristiques sociologiques et linguistiques des langues en présence, les usages que les locuteurs font de leurs langues font que les profils bilingues sont très divers.
Depuis Grosjean (1989), nous savons qu’on ne peut pas partir du principe qu’un sujet bilingue n’est pas l’addition de deux monolingues et ainsi, que le patient aphasique avait le niveau d’un monolingue dans chacune de ses langues.
Selon B. Köpke (2013) : " Une estimation aussi précise que possible de la compétence pré-morbide est cependant indispensable pour pouvoir évaluer l’atteinte provoquée par l’aphasie. La tâche est rendue encore plus difficile par le fait que les locuteurs de langues non valorisées (langues minoritaires, dialectes, etc.) sous-estiment souvent l’importance de cette langue dans leur vie, voire ne mentionnent pas qu’ils l’utilisent. Une prise en compte de tels effets sociologiques et l’utilisation d’un questionnaire détaillé et adapté […] est indispensable en complément de l’anamnèse habituelle. "
L’aphasie chez le sujet bilingue
Les études sur l’aphasie chez le sujet bilingue ont d’abord eu pour but de déceler les potentiels effets « protecteur » du bilinguisme après un AVC, dans la lignée de celles réalisées sur la fameuse réserve cognitive chez les personnes bilingues.
E. Bialystok et al. (2014) ont par exemple analysé les résultats au MMS de 184 patients pour lesquels a été établi un diagnostic de démence. La moitié de ces patients étaient monolingues (âge moyen = 71.4 ans), les autres bilingues (âge moyen = 75.5 ans). Leur étude conclut que ces derniers bénéficient d’un délai de 4.1 ans dans la survenue des symptômes de démence (Alzheimer) par rapport aux monolingues. D’autres études ont confirmé que le bilinguisme pratiquée tout au long de la vie serait associé à un vieillissement cognitif plus lent et contribuerait à retarder l’apparition des symptômes d’une démence, sans pour autant empêcher l’avènement de la pathologie. Selon les recherches, la réserve cognitive du bilingue serait de 4 à 5 ans.
Dans une recherche de Alladi et al. (2016), les auteurs ont cherché à déterminer si le bilinguisme influençait également les résultats cognitifs chez des personnes ayant subi un AVC. A partir d’un fichier de 608 patients (AVC ischémique), ils ont examiné et étudié le rôle du bilinguisme dans la prédiction des troubles cognitifs post AVC (en l’absence de démence). Il en ressort que le bilinguisme pourrait conduire à un meilleur résultat cognitif après un AVC, en améliorant la réserve cognitive.
Dans sa revue de littérature, Akbari (2014), classe en quatre groupes les études sur l’aphasie chez le bilingue :
- Premier groupe : les études qui rapportent la déficience parallèle des deux langues chez des sujets aphasiques bilingues (par exemple, Kambanaros, 2007 ; Verreyt et al., 2013)
- Deuxième groupe : les études qui rapportent que la langue seconde des aphasiques bilingues serait plus altérée que la première (par exemple, Poncelet et al., 2007 ; Amberber, 2012).
- Troisième groupe : les études qui rapportent que le niveau de déficience entre les deux langues de patients aphasiques bilingues n’est pas claire, dans la mesure où les altérations portent sur des aspects sélectifs dans chaque langue (par exemple, Almagro et al., 2003 ; Meinzer et al., 2007).
- Quatrième groupe : les études qui rapportent que la première l…
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