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  • Sciences du langage

Zoom sur la pragmatique

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Ayant longtemps été le parent pauvre de la recherche, les aspects pragmatiques dans le développement langagier et particulièrement la pragmatique conversationnelle, représentent aujourd’hui un véritable courant de recherche. Toutefois, en clinique cette compétence à multiple facette reste peu explorée et peu rééduquée. L’objectif de cet article est de répondre à: qu’est-ce que la pragmatique exactement ? Comment cette compétence se développe-t-elle chez les enfants? Comment l’évaluer ?

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Qu’est-ce que la pragmatique ?


Emergence de la pragmatique


Historiquement, ce qu’on nomme la pragmatique émerge dans la première moitié du 20ème siècle au sein du champ disciplinaire de la sémiotique, qui étudie le langage du point de vue de la relation entre les signes et ceux qui les utilisent lors de situations d’interaction. Les théoriciens auxquels on se réfère sont Austin et sa théorie des actes de parole, Grice et ses principes conversationnels, Jakobson ou encore Halliday pour leurs typologies des fonctions du langage.


Etymologiquement, le terme ‘pragmatique’ issu du grec pragmatikos « qui concerne l’action, les affaires » renvoie à l’utilisation du langage en situation de communication.


En référence au modèle de Bloom et Lahey de 1979, cet usage du langage s’associe à l’aspect formel du langage (phonologie, lexique, syntaxe) et au contenu du langage (la sémantique, autrement dit le sens de mots, des phrases, leur succession choisie) pour former, à eux trois, la compétence langagière. 


L’ancrage historique de la pragmatique, qu’il est nécessaire de connaître, oscille entre philosophie, linguistique, sémiotique, psychologie. Ces champs de recherche restent actifs aujourd’hui, comme la cognition sociale, par exemple, fréquemment mobilisée pour appréhender le champ de la pragmatique, notamment dans nos outils d’évaluation. Il n’est pas toujours évident, cependant, de savoir dans quel champ on se situe. Parfois, un bon schéma vaut mieux qu’un long discours : cette interaction des différents champs de recherche est schématisée par Snow et Douglas en 2017 sous le titre ‘A cup of competence’.



Figure 1 : 'A cup of competence':  Constituent functions of  pragmatic language  competence and  psychological and social  influences, Snow & Douglas, 2017,  Chapter 23, Psychosocial  Aspects of Pragmatic  Disorder, in : Research in  Clinical Pragmatics  Volume 11, Perspectives in  Pragmatics, Philosophy &  Psychology, pp 617-649.



Les compétences pragmatiques constituent aujourd’hui une entité à part entière dans les bilans orthophoniques



Au-delà des questions épistémologiques, appréhender la pragmatique comme une compétence, c’est-à-dire comme quelque chose combinant savoirs, savoir-faire, savoir-être et savoir-dire peut nous aider à la comprendre d’une part en termes de composants, et d’autre part d’un point de vue clinique.



La pragmatique clinique


La pragmatique clinique, telle que décrite par Cummings en 2009, vise à caractériser les troubles développementaux et acquis de la pragmatique chez les enfants et les adultes en intégrant théories (cognitives, pragmatiques, communicatives) et résultats empiriques. 

Les troubles de la pragmatique apparaissent au 1er plan au sein des troubles du spectre de l’autisme (TSA) dont ils sont un des critères diagnostiques selon le DSM-5 (trouble des interactions sociales), mais également au sein du trouble de la cognition sociale/pragmatique (TCS/P). Ce dernier est  défini comme des difficultés persistantes dans l’utilisation sociale de la communication verbale et non-verbale (critère A), entraînant des limitations fonctionnelles (critère B), apparues dès la petite enfance (critère C) et non explicables par d’autres difficultés (critère D).



Cependant, les troubles de la pragmatique d’ampleur variable apparaissent également dans d’autres conditions biomédicales. Au niveau de l’enfant, par définition en plein développement, il est possible d’observer des difficultés pragmatiques consécutives à un Trouble Développemental du Langage, à une paralysie cérébrale, à une tumeur cérébrale, à un handicap intellectuel (HI), à un trouble déficitaire de l’attention (TDA/H).


 

La compétence pragmatique peut également être altérée chez l’adulte dans un contexte de pathologie acquise cérébrale (aphasies, démences, traumatisme crânien, lésion cérébrale de l’hémisphère droit) ou psychiatrique (schizophrénie).

D’autres conditions biomédicales favorisent des altérations pragmatiques, comme les déficiences sensorielles (auditives ou visuelles), ou le bégaiement.



Modélisation de la pragmatique


L’entrée par la pathologie permet de mettre au jour une variété d’atteintes d’éléments composant la pragmatique. L’exploration de ces atteintes a permis à des praticiens chercheurs de modéliser les domaines de cette compétence. 


Un modèle fréquemment utilisé en France en orthophonie est celui développé par Coquet (2005, 2013) qui décrit une situation de communication selon quatre axes (cf. figure 2). Ce modèle…

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