Littérature scientifique

    Résumé de chapitre : Les compensations de l’adulte dyslexique au niveau universitaire

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    Il existe, dans la littérature scientifique actuelle, beaucoup d’études portant sur les déficits cognitifs à l'œuvre dans la dyslexie. Néanmoins, ces études ne permettent pas de comprendre le fonctionnement et les stratégies mis en place par les individus dyslexiques, pour lire malgré la présence de ce trouble, en particulier quand l’exposition à l’écrit est forte au quotidien, dans le cadre d’études universitaires par exemple. Il existe d’ailleurs très peu de recherches s’intéressant aux compensations de la dyslexie ; alors que ces compensations existent, notamment chez les adultes dyslexiques au niveau universitaire. Dans ce chapitre, dont le présent article est un résumé, les auteurs Colé et al (2020) font un état de l’art sur les connaissances et le cadre théorique des compensations de l’adulte dyslexique. Ils proposent une définition de la compensation, une description de ce que peut être une dyslexie compensée, et tentent d’identifier les facteurs de risque et de protection accompagnant cette compensation.

    Publication d'origine : Colé, P., Duncan, L.G., Cavalli, E. (2020). Les compensations de l’adulte dyslexique au niveau universitaire. In La Dyslexie à l’âge adulte. DeBoeck, chap. 12, 287-324.

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    Le concept de compensation


    Il n’existe pas, à l’heure actuelle, de définition consensuelle de la compensation dans la littérature. Plusieurs propositions de définitions existent, et les auteurs du chapitre référent retiennent celle de Livingston et Happé (2017). Pour eux, le concept de compensation implique un “décalage entre la capacité perçue d’un individu, manifestée dans son comportement (c’est-à-dire le degré de symptômes observables), et sa capacité réelle, telle qu’on peut l’observer dans les fonctions cognitives et neurales sous-jacentes”. Ainsi, ces auteurs définissent la compensation, dans le cadre du neurodéveloppement, comme : 


    l’ensemble des processus qui contribuent à l’amélioration des manifestations comportementales d’un trouble neurodéveloppemental, en dépit d’un ou plusieurs déficits centraux persistants au niveau cognitif."


    Le profil de compensation est donc déterminé à la fois par : 


    • - Des marqueurs comportementaux de compensation : l’individu manifeste des signes comportementaux (donc observables) de compensation, comme l’amélioration des performances à un test de lecture par exemple ; 

    • - Des marqueurs de troubles neurocognitifs en lien avec la lecture : l’individu manifeste une persistance de certains troubles cognitifs à l’origine des déficits en lecture (par l’absence d’amélioration des performances aux tests évaluant ces troubles).


    Les auteurs ajoutent qu’à la suite des marqueurs comportementaux de compensation, des marqueurs cérébraux de compensation peuvent être envisagés : modifications de l’activation cérébrale au cours de l’activité de lecture, en comparaison avec des normo-lecteurs. 



    Les compensations observées chez l’adulte dyslexique


    Dans leur étude de 2018, Cavalli et al ont observé que, parmi un échantillon de 83 adultes dyslexiques étudiant à l’université, seulement 18% réussissaient à obtenir une performance dans les normes au test de l’Alouette. Ils constatent ainsi qu’une proportion relativement faible d’adultes parvient à compenser ses difficultés, lorsque l’on considère la fluence en lecture.


    Toutefois, ce constat contraste avec l’aptitude de ces adultes dyslexiques à poursuivre leurs études secondaires et à obtenir leur diplôme. Il a amené les auteurs du chapitre référent à s’interroger sur la nature des compensations en lecture : quelles habiletés doit-on observer pour qualifier la compensation de la dyslexie (compréhension en lecture, reconnaissance de mots écrits, fluence en lecture, déficits cognitifs sous-jacents) ?



    L’hypothèse de la compensation du déficit cognitif sous-jacent


    Les auteurs du chapitre référent étudient, à travers leur état de l’art, la possibilité d’une compensation des déficits cognitifs sous-jacents à l’origine de la dyslexie, et plus particulièrement le déficit phonologique qui est le plus fréquemment étudié. Les auteurs présentent trois hypothèses proposées par Livingston et Happé (2017) et leurs limites : 


    • - La première hypothèse de compensation neurocognitive est la correction du déficit phonologique : l’adulte dyslexique compensé ne présenterait plus de déficit phonologique. Cette première hypothèse de Livingston et Happé est contredite par les auteurs du chapitre référent, qui rassemblent les résultats de plusieurs études et méta-analyses, mettant en lumière la persistance du déficit phonologique, et/ou son absence d’évolution durant l’âge adulte.


    • - La deuxième hypothèse évoque des compétences phonologiques dont le développement serait retardé et non perturbé, et qui arriveraient donc “à maturité” à l’âge adulte. Cette deuxième hypothèse est également contredite par les auteurs du chapitre référent, pour les mêmes raisons que la première. 


    • - La troisième hypothèse de compensation du déficit phonologique évoque la possibilité, chez l’adulte dyslexique, de développer des voies de lecture neurocognitives indépendantes de la voie phonologique originelle déficitaire. Bien que trop peu d’études n’aient été menées sur ce sujet, les résultats existants sont prometteurs, et détaillés dans le paragraphe “Les facteurs cérébraux de la compensation”.


    • Ainsi, selon cet état de l’art, il semblerait que la compensation directe du déficit phonologique ne soit pas possible ; mais qu’une compensation par l’utilisation d’autres voies neurocognitives soit envisageable. Cela conforte la proposition de définition de la compensation, qui évoque la compensation comportementale de la dyslexie (et dans un second temps cérébral) mais l’absence de compensation du trouble cognitif sous-jacent.

       


    Les manifestations comportementales de la compensation de la dyslexie


    En accord avec la définition de compensation proposée plus haut, une dyslexie compensée se manifesterait par des performances en lecture dans les normes attendues (efficience mesurée par le rapport score/temps…

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