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L'évaluation de la phonologie

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L’évaluation des compétences phonologiques est quasiment systématique dans le bilan orthophonique du langage oral et se trouve souvent au centre des préoccupations parentales en cas d’atteinte de l'intelligibilité. Néanmoins, il n’est pas toujours facile d’identifier la nature exacte des difficultés observées et d’en déterminer l’origine. En effet, les épreuves standardisées accessibles aux orthophonistes dans les batteries ne permettent pas d’évaluer la totalité des sous-composantes en jeu dans le traitement de la parole. Cette évaluation parcellaire aboutit souvent à une vision trop globale du profil du patient et donc à un projet de soin trop généraliste. Or, une intervention efficace repose sur un projet thérapeutique personnalisé et cohérent, au plus près du fonctionnement du patient, construit à partir d’une évaluation fine de ses compétences. Il semble alors indispensable de s’appuyer sur un modèle théorique probant pour enrichir notre analyse.

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D'où vient cet article ?

Cet article provient de la Happyneuron Academy, un espace personnalisé de Ressources, de Formations et de Partage d'expérience dédié aux orthophonistes !

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Sur quel modèle peut-on s’appuyer ?


Le modèle de Stackhouse et Wells de 1997, revu en 2001, apparait comme le plus intéressant et complet aujourd’hui pour essayer de comprendre la nature du trouble phonologique observé chez nos patients. Ce modèle a l'intérêt de proposer une modélisation des processus phonologiques d’entrée et de sortie et de pouvoir comprendre certaines dissociations chez nos patients. Il présente les différentes étapes successives nécessaires au traitement et/ou à la production du signal de parole, en une vision modulaire. Il permet de s’émanciper de l’idée d’un output déficitaire comme seule cause aux troubles phonologiques. 


Le modèle distingue trois grandes phases : l'entrée (input), le stockage en mémoire à long terme, et la sortie (output). Ces domaines sont interdépendants et doivent tous être évalués afin d'avoir une vision précise du profil du patient.



D'après le Modèle de traitement de la parole de Stackhouse et Wells (1997).

Boîtes vertes: connaissances encodées en mémoire à long terme, boites bleues: niveau de traitement, boîtes dégradées: niveaux de traitement "off-line" chez l'adulte.

Flèches épaisses: liaison relevant des apprentissages, flèches minces: flux d'information.



Zoom sur l’input


Cette partie concernant l’input (partie gauche du modèle) regroupe 4 modules. 

Le premier concerne des compétences périphériques nécessaires au traitement global du son et ne fera pas l’objet d’une analyse spécifique. Comme d’autres modules dans ce modèle, le traitement auditif périphérique ne fait pas l’objet d’une évaluation par l’orthophoniste. Il reste toutefois important de relever la récurrence d’otites séro-muqueuses dans l’histoire de nos patients car elles pourront avoir un impact sur les capacités auditives générales. Ensuite, éliminer toute anomalie structurelle de type déficit auditif ou anomalie des organes phonateurs est indispensable avant une évaluation complète de la phonologie.


Le second module, concernant la discrimination entre sons de la parole et sons de l’environnement, relève également de compétences périphériques socles. Son évaluation n’est pas systématique lors du bilan (nous postulons souvent que ce module est fonctionnel), mais s’interroger sur son efficience en cas de trouble réceptif sévère est légitime. Bien que rares, les agnosies verbales restent des pathologies que nous pourrons un jour rencontrer au cours de notre pratique, dans le cadre d’une lésion cérébrale ou d’une épilepsie de l’enfant. 


Les deux autres modules consacrés à la discrimination phonétique et la reconnaissance phonologique méritent que l’on s’y attarde. 

On entend par reconnaissance phonologique la capacité de l’enfant à identifier comme familière une séquence de sons :  est-ce que tous les sons produits existent dans ma langue? Les successions de sons suivent-elles une séquence légale dans ma langue maternelle ? Ce répertoire de patterns phonologiques est alimenté dès le plus jeune âge par le bain de langage et continue de s’étoffer durant les premières années de vie lors du développement langagier avant de devenir parfaitement opérationnel.


La discrimination phonétique, quant à elle, est une étape-clé dans les rouages du traitement de la parole. Chez le bébé, elle permet en tout premier lieu de discriminer les sons pertinents dans sa langue en opposition à ceux non-pertinents. En effet, le nouveau-né a la capacité de discriminer tous les sons, de toutes les langues ; puis à partir de ses 6 mois, son système se spécialise progressivement pour ne réagir qu’aux contrastes porteurs de sens dans son bain de langage. 


Bien plus tard, chez l’adulte, cette compétence est peu sollicitée à l’exception d’échanges avec un interlocuteur ayant un accent régional ou étranger marqué, ou face à une langue ayant un système phonétique très éloigné du français. Chez les enfants par contre, cette capacité revêt une importance particulière puisque progressivement, l’enfant devra prendre conscience des phonèmes de sa langue, associer chaque phonème à un pattern articulatoire et être capable d’opposer des paires minimales pour se sensibiliser à leurs contrastes, même les plus fins, et constituer progressivement un répertoire phonétique propre à sa langue maternelle. L'enfant peut rencontrer des difficultés dans la perception des contrastes proches (oppositions par un seul trait, comme le voisement) engendrant des difficultés de représentations phonologiques (le mot n’est pas bien encodé), mais également de production motrice.


Une discrimination phonétique efficiente soutient le bon fonctionnement de la reconnaissance phonologique et les deux compétences fonctionnent de concert. 



Zoom sur le stockage et les représentations


Le stockage à long terme et les représentations phonologiques se décomposent en 3 modules.


Intervient en premier lieu la représentation phonologique ou représentation phonologique d’entrée : une fois le signal de parole traité lors des différentes phases décrites en input, il y a activation de l’image acoustique du mot ou de son contour sonore. Doivent être perçus l…

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