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La perception auditive non-verbale chez les porteurs d’implants cochléaires

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Actuellement, l’évaluation orthophonique des porteurs d’implants cochléaires se concentre sur leur capacité à comprendre le langage. Cette capacité cognitive auditive verbale est essentielle pour ces patients et est un des objectifs principaux de l’implantation. Toutefois, la cognition non-verbale contribue aussi grandement à percevoir l’environnement, elle regroupe la perception de la musique, de la prosodie mais aussi de tous les sons non verbaux. De plus, l’audition dans le bruit, qui fait partie de cette cognition auditive non-verbale, est une des plaintes les plus récurrentes chez les porteurs d’implants cochléaires. Dans cet article, nous allons donc résumer l’étendue des connaissances concernant les capacités auditives non-verbales chez les porteurs d’implants cochléaires pour ouvrir des pistes de remédiation adaptée.

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 La cognition auditive contribue à percevoir notre environnement et à réagir correctement aux stimuli externes. La communication via le langage est essentielle, mais la cognition auditive non verbale joue également un rôle primordial pour la compréhension des stimuli perçus, y compris la prosodie. En effet, dans la communication verbale, la perception de la prosodie est essentielle pour comprendre les intentions et les émotions du locuteur (Lolli et al., 2015). De plus, nos capacités auditives non verbales permettent de détecter des signaux auditifs dans le bruit ainsi que de mieux percevoir et d’analyser une scène auditive (Bregman & McAdams, 1994). La perception musicale repose également sur nos capacités à traiter et à déterminer la mélodie et l'harmonie dans un signal auditif non verbal (McAdams, 1989).

Toutefois, la perception auditive non verbale peut être altérée en cas de surdité périphérique (Pattisapu et al., 2020; Sharma et al., 2020; Torppa & Huotilainen, 2019). Lorsque la perte auditive est profonde, un ou deux implants cochléaires peuvent restaurer partiellement les capacités auditives. Cependant, la perception auditive chez les utilisateurs d'implants cochléaires (IC) peut rester altérée en raison d'une discrimination limitée des fréquences sonores par l'implant (Glennon et al., 2020; Lehmann & Paquette, 2015). En effet, les contraintes techniques d'un implant ne permettent pas une décomposition fine du signal auditif, par rapport à la décomposition fréquentielle qu’une cochlée saine peut réaliser (McDermott, 2004). Ces difficultés de perception auditive non verbale sont donc une conséquence directe d’un déficit de perception de la hauteur tonale (savoir si un son est grave ou aigu). En conséquence, les utilisateurs d'IC ont toujours des difficultés à entendre la parole dans le bruit, à comprendre la prosodie et à percevoir la musique. 

 

Perception musicale

La perception de la hauteur a un rôle clé dans le traitement de la musique : la discrimination de la hauteur permettant de traiter les différences de fréquence, elle est essentielle pour percevoir la mélodie et l'harmonie de la musique (Marozeau et al., 2013; Oxenham, 2008). Chez les utilisateurs d'IC, les déficits de traitement de la musique affectent plusieurs dimensions. Les caractéristiques musicales liées à la hauteur, telles que le timbre et l'harmonicité, sont moins bien perçues par les utilisateurs d’IC que les personnes normo-entendantes (Hopyan et al., 2016; Petersen et al., 2020; Sharp et al., 2018). 

Bien que plusieurs études semblent suggérer que le traitement du tempo est plutôt préservé chez les porteurs d’IC (Jiam & Limb, 2019; Spangmose et al., 2019), si l’on utilise des tâches musicales plus complexes (avec des variations de hauteur, pas seulement des séquences de bips), les utilisateurs d'IC ne sont pas aussi performants sur la reconnaissance du rythme (Jiam & Limb, 2019). 

Ces déficits contribuent à une dépréciation générale de la musique et à une diminution de la qualité de l'écoute musicale chez les utilisateurs d'IC (Riley et al., 2018), avec une corrélation entre les capacités de perception de la hauteur et l'appréciation de la musique (Zhou et al., 2019). 

Concernant les émotions musicales, les utilisateurs d’IC ont montré un déficit de reconnaissance par rapport aux normo-entendants, notamment pour la tristesse (Ambert-Dahan et al., 2015; Hopyan et al., 2016; Shirvani et al., 2014, 2016) ou la peur (Paquette et al., 2018). Certaines études ont montré des scores d'éveil (“arousal”) différents, mais des scores de valence similaires chez les utilisateurs d'IC par rapport aux normo-entendants (Ambert-Dahan et al., 2015…

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