- Langage oral et communication -
- Troubles neurodéveloppementaux
Créer les conditions favorables à un développement langagier précoce robuste pour tous - Partie 1
Le développement du langage chez les jeunes enfants est une étape cruciale influençant l'apprentissage, les interactions sociales et le bien-être tout au long de la vie. Pourtant, ce processus semble facile pour certains enfants mais reste difficile pour d'autres, en particulier pour les enfants issus de milieux socio-économiques défavorisés. Cet article est un résumé de la première partie de cette étude intitulée “Surveillance linguistique au cours des premières années de vie, basée sur des données probantes”. Son objectif est d’explorer comment l’amélioration du système de surveillance, à la lumière des récentes connaissances, pourrait être mis en place durant les premières années de vie afin de mieux identifier et soutenir les enfants à risque de développer un trouble développemental du langage (TDL).
Publication d'origine : Reilly S, McKean C. Creating the conditions for robust early language development for all-Part 1: Evidence-informed child language surveillance in the early years. Int J Lang Commun Disord. 2023 Nov-Dec;58(6):2222-2241. doi: 10.1111/1460-6984.12929.
D'où vient cet article ?
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Introduction
Le développement de l’enfant durant les premières années de vie est fascinant : il est à la fois extrêmement robuste puisque des acquisitions majeures y sont réalisées et extrêmement fragile puisque c’est à ce moment là que se façonne l'avenir de l'individu avec ses réussites et ses fragilités, qui auront des conséquences tout au long de sa vie. Le développement langagier à fortiori constitue le fondement d’une des plus grandes inégalités socio-économiques tant son lien est fort avec la réussite scolaire puis professionnelle, avec les interactions sociales et le bien-être de l’individu de façon générale.
Structure de l’article :
- La première partie aborde les aspects essentiels de l'étude du langage chez les enfants, incluant les critères et la terminologie employés pour aborder les difficultés d'apprentissage du langage
- La deuxième partie met en avant les concepts clés sur l'impact du contexte social sur le développement du langage.
- La troisième partie présente des preuves significatives qui soulignent l'importance de considérer les troubles du développement du langage comme une problématique de santé publique.
- Enfin, la quatrième partie se concentre sur la manière dont certains facteurs se combinent dès le jeune âge pour influencer les trajectoires développementales du langage et prédisposer certains enfants aux troubles du développement du langage (TDL).
Un second article, bientôt disponible sur la Happyneuron Academy, examinera comment ces nouvelles connaissances peuvent être intégrées pour améliorer le dépistage précoce et les interventions destinées aux jeunes enfants à risque de développer un TDL.
A propos de l’étude du langage chez l’enfant.
En quoi les approches méthodologiques utilisées pour étudier le langage des enfants ont évolué
La méthodologie de recherche a considérablement évolué dans les années 80-90 avec les premières études de cohortes (Norbury et al., 2016a, 2016b ; Tomblin, et al., 1997). Pour la première fois, l'étude du langage sur des populations, en opposition aux études de cas individuels, permet d'utiliser des données probantes issues d'échantillons représentatifs, longitudinaux et à grande échelle. Cela a rendu possible l'étude du développement langagier des enfants en prenant en compte le contexte social, familial et environnemental, ainsi que l'influence des facteurs socio-économiques (Law et al., 2022).
En quoi les critères et la terminologie utilisés pour décrire les troubles du langage chez l'enfant ont évolué
Le projet Catalise (Bishop et al., 2016) constitue une nouvelle avancée dans le monde de la recherche en apportant un consensus quant à la terminologie à utiliser pour qualifier les enfants présentant un trouble du langage. Ainsi, l’usage du terme Trouble spécifique du langage (TSL/SLI) se voit détrôné par l'usage de Trouble développemental du langage (TDL/DLD). Ce basculement repose sur 2 raisons majeures :
- Les critères de diagnostic étaient peu représentatifs de la réalité clinique (notamment le critère d’exclusion reposant sur un écart significatif entre le QI verbal et non-verbal),
- On constatait un manque d’homogénéité au niveau international dans l’usage de la terminologie générant des difficultés pour les chercheurs, les cliniciens, les familles et les patients.
Le projet Catalise apporte également un éclairage essentiel sur les notions de facteurs de risques, de critères d’exclusion et de comorbidité (Bishop et al., 2017) permettant ainsi de se focaliser sur le défi que représentent les acquisitions de la petite enfance face à l’incertitude des trajectoires, typiques ou atypiques, qui seront suivies par chacun des individus. Le diagnostic repose donc sur la persistance des difficultés et leur impact fonctionnel, et il est aujourd’hui reconnu que les limitations conséquentes au trouble peuvent se manifester à des moments différents et varier selon l'environnement de communication de l'enfant.
Prévalence du Trouble Développemental du langage (TDL)
La prévalence du TDL est estimée à 5-8 % des enfants d’âge scolaire, soit 2 enfants sur 30 en classe au moment de l’entrée à l’école (Norbury et al., 2016b ; Tomblin et al., 1997). Cependant, cette prévalence varie selon les mesures et critères utilisés, certaines études indiquant une prévalence estimée à 14 -20 % chez les enfants de 4 à 7 ans (McKean et al., 2015 ; Reilly et al., 2010).
Ces variations soulèvent la question du dépistage : quel est le moment idéal pour dépister afin de réduire ces taux ? Le dépistage précoce est-il pertinent puisqu’il n’est pas possible de prédire l’évolution des difficultés présentes dans la petite enfance? La littérature actuelle n’offre pas de solution consensuelle internationale (Nelson et al., 2006 ; Wallace et al., 2015 ; Wilson et al., 2022).
Le développement du langage dans un contexte socio-économique
Considérer le développement langagier du très jeune enfant à travers un prisme longitudinal
Au cours de trois périodes clés du développement de l'enfant (in utero, petite enfance, enfance), divers facteurs sociaux et individuels, comme le lieu de vie, la scolarité et l'environnement familial, influencent son développement futur.
Bronfenbrenner (2005) a modélisé ces interactions dans son modèle bioécologique (voir schéma ci-dessous), montrant que le développement se déroule dans un système complexe, allant du microsystème au macrosystème. A l’image des poupées russes, ces systèmes imbriqués interagissent à divers degrés, avec des interactions plus faibles à mesure que les cercles s'éloignent.
5 systèmes sont définis :
- L’individu et le microsystème : au coeur de ce modèle figure donc l’individu avec ses caractéristiques propres (son sexe, son âge, ses croyances et valeurs, son histoire, sa santé) et son microsystème, c’est à dire son environnement proche : entourage familial et amical, lieu de vie et de scolarisation, loisirs. Ce microsystème revêt donc certains traits spécifiques qui vont façonner le développement de l’enfant : le niveau d'éducation des parents, leurs revenus, leur santé mentale, la façon dont ils interagissent avec leur enfant.
- Le mésosystème constitue la façon dont les différents microsystèmes…
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